Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/265

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au beau jeune homme qui la charme, comme Léon me charmait : Roméo, ne me dis pas que tu es Montaigu, car il faudrait te haïr.

« Cependant un jour vint où je ne doutai plus de l’amour de Léon, où ce sentiment s’éclaira complétement pour moi : ce fut le jour où je compris qu’il détestait le capitaine Félix. Ce fut à l’occasion de l’ouvrier malade que j’allais voir quand je rencontrai Léon pour la première fois. J’avais obtenu de mon frère qu’on ne le rayerait pas du nombre des ouvriers, mais le capitaine s’était refusé à ce qu’on lui payât le prix des journées manquées. C’eût été, disait-il, d’un fatal exemple pour beaucoup de paresseux qui eussent trouvé commode de gagner leur argent dans leur lit. Depuis ce temps, je ne pensais plus à Marianne ni à Jean-Pierre, son mari ; déjà je n’avais plus le temps de m’occuper des autres. Voici ce qui arriva :

« C’était à l’heure du dîner : le capitaine et Léon ne se rencontraient guère qu’à cette heure, car celui-ci se retirait presque toujours de nos soirées pour travailler.