Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/284

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paire d’épées suspendues dans la salle à manger, me voici prête à la recevoir.

« Je tendis une épée au capitaine, et je tirai l’autre de son fourreau, en me mettant en garde.

« — Quoi ! s’écria Félix, c’est vous ?

« — C’est moi, lui dis-je, qui suis la coupable ; allons, capitaine, en garde !

« Je m’avançai sur lui l’épée haute ; il recula en rougissant de colère. Ma famille, qui n’avait vu dans tout cela qu’un enfantillage, se prit à rire. Mon père et Hortense dirent gaiement :

« — Allons, Félix, défends-toi ; elle te fait peur ?

« Seule je devinai la colère de Félix, car seule je compris que je venais de le rendre ridicule devant celui qu’il eût voulu anéantir ; cependant il se remit, et reprit avec assez de présence d’esprit, car il ne soupçonna pas un moment que je pusse mentir :

« — Vous êtes plus adroite à manier l’épée que la bêche, ma chère Henriette, car vous avez