Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/288

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d’une trace sur la terre, je cherchai le fil invisible et léger qui avait dû conduire Léon. Léon avait dû choisir l’endroit du parc où je me plaisais le mieux, un lieu solitaire et couvert où j’aimais à m’asseoir seule sur un banc de bois. J’y marchai avec la certitude de ne pas me tromper. On me suit, j’arrive et je découvre mes rosiers disposés autour de ce banc où j’avais tant de fois pensé au bonheur avant de connaître Félix et Léon. Ce fut encore pour moi une nouvelle joie, non parce que Léon avait choisi cet endroit, dans ma pensée il ne pouvait y en avoir d’autre, mais parce que je l’avais si bien deviné.

« Hélas ! toutes ces choses qui paraîtront peut-être puériles à ceux qui me liront, ont été les plus grands événements de ma vie. Ce fut ainsi que je marchai seule dans ma passion. Puis vint le jour où nous marchâmes à deux. Car jusque-là j’avais aimé Léon, Léon m’avait aimée ; mais il me semble que je n’aurais pas osé dire que nous nous aimions. Ce fut encore à l’occasion de ce jardin que commença