Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

geois de Paris. Profiter des vices, ce n’est pas les avoir. Prétendre que le Diable a des vices, ce serait avancer que le médecin qui vit de vos infirmités est malade, que l’avoué qui s’engraisse de vos procès est un plaideur, et que le juge qu’on appointe pour punir les crimes est un assassin.

Ce dialogue avait eu lieu entre ce personnage surnaturel et Armand de Luizzi, sans que l’un ou l’autre eût changé de place. Jusqu’à ce moment Luizzi avait parlé plutôt pour ne point paraître interdit que pour dire ce qu’il voulait. Il s’était remis peu à peu de son trouble et de l’étonnement que lui avaient causé la figure et les manières de son interlocuteur, et il résolut d’aborder un autre sujet de conversation, sans doute plus important pour lui. Il prit donc un second fauteuil, s’assit de l’autre côté de la cheminée, et examina le Diable de plus près. Armand put alors mieux admirer l’élégante ténuité des traits et des formes de son hôte. Cependant, si ce n’eût été le Diable, on n’eût pu décider aisément si ce visage pâle et beau, si ce corps frêle