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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/313

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pour leur demander de ne pas laisser partir Léon ou de me permettre de le voir : j’étais folle de douleur comme je l’avais été de colère. D’autres fois aussi je voulais sortir et aller au hasard dans la maison, dans le parc, pour le rencontrer, pour le voir de loin. Je ne l’eusse pas fait assurément : arrêtée à la première marche de l’escalier qu’il me fallait descendre, j’aurais reculé, je le sens, je le jure. Mais dans un moment où cette idée s’était tout à fait emparée de moi, je voulus sortir, ma porte était fermée ! fermée en dehors par eux !

« Oh ! que Dieu leur pardonne mon crime ! mais ils m’y ont poussée de tout leur pouvoir. Quoi ! pour une douleur innocente, je n’avais pas trouvé une consolation ; pour une douleur qui pouvait devenir coupable, pas un conseil, pas un appel à ma tendresse pour eux, pas une prière de ne pas les affliger, pas même un ordre de respecter leur nom ! Un verrou ! un verrou ! comme sur un coupable endurci ! une prison comme sur une fille condamnée ! Oh ! oui, mon Dieu, ils méritaient mon crime, et, du