Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/318

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faute ? eh bien ! j’y étais décidée, et, sur le salut de mon âme, qui est ma seule espérance dans mon désespoir, cette faute que je commettais n’était qu’une désobéissance de plus, une révolte contre Félix, un moyen de tenter de lui échapper ; l’amour y était oublié, et s’il m’avait fallu écrire d’avance tout ce qui eût dû se dire dans cet entretien, le mot « Je t’aime » y eût été à peine prononcé, et on n’y eût trouvé que des résolutions de faire intervenir la famille de Léon et de fléchir la mienne. Oui, je le jure encore, je n’avais aucune idée d’un amour coupable, je calculais ce qui me restait de chance de ne pas mourir, je ne savais pas que j’allais hasarder d’autres dangers.

« Le temps se passa ainsi, et, la nuit venue, j’attendis sans terreur le moment où j’allais m’échapper de ma chambre. Seulement alors un frisson me prit ; de vagues images d’une fille séduite, qui fuit la maison paternelle, me passèrent devant les yeux comme des fantômes, pendant que je descendais l’escalier qui criait sous mes pas. J’avais entrevu des tableaux où