Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/329

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entrailles me cria que je n’avais plus le droit de mourir. Ce n’était cependant qu’un vague sentiment d’espérance qui me prenait ainsi dans mes heures de solitude. Je ne sais pourquoi je regardais avec une curiosité nouvelle les enfants de ma sœur. Je me remettais en mémoire leur visage et leurs cris aux premiers jours de leur naissance. Je les prenais avec amour sur mes genoux, je les y berçais en cherchant à me rappeler les chansons de leurs nourrices. Puis, un soir, comme j’étais à genoux dans ma chambre, priant Dieu dans toute la ferveur du désespoir, lui demandant de détourner de moi le malheur que je pressentais, lui promettant en mon âme de racheter ma faute par une vie de pénitence et de vertu, je sentis une autre vie s’agiter dans la mienne.

« Ô grâce du Seigneur, qui avez mis tant d’amour dans le cœur des femmes, vous en avez mis encore plus dans leurs entrailles ! Misérable fille perdue que j’étais, je ne puis dire de quel cri d’amour je saluai cet être vivant en moi pour devenir le témoin irrécusable de mon crime ; je ne puis