Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/348

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son manuscrit et le cacha rapidement dans l’endroit d’où elle l’avait tiré. Un moment après, Luizzi vit se mouvoir un des pans de la tapisserie qui recouvrait le mur en face de lui, et aussitôt entra Félix portant un panier. Un mouvement de colère s’empara du cœur de Luizzi en apercevant le capitaine. Il fut prêt à s’écrier, mais il se souvint par quel prodige surhumain il assistait à une scène qui se passait loin de lui, et il s’apprêta à la regarder avec l’attention d’un homme qui ne veut pas perdre un seul détail.

Le capitaine tira du panier des mets qu’il disposa sur la table, et Luizzi comprit alors pourquoi Félix ne soupait jamais avec sa famille et pourquoi on le servait tous les soirs dans le pavillon. Les premiers moments qui suivirent l’entrée de Félix furent silencieux ; cependant il avait en lui un air de triomphe qui ne semblait attendre qu’une occasion d’éclater.

— Eh bien ! Henriette, dit enfin le capitaine, chaque jour aura-t-il donc le même résultat ?

— Chaque jour, dites-vous ? Y a-t-il donc