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Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/49

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qu’au ciel : vous aurez pour confidents des critiques qui mordront vos mains tendues en haut, et des lecteurs qui ricaneront de vos croyances qu’ils ne comprendront pas.

Non, mille fois non, ne venez pas à Paris, si l’ambition d’une sainte gloire vous dévore ! si puissant que vous soyez, ne venez pas à Paris, vous y perdrez plus que vos espérances, vous y perdrez la chasteté de votre intelligence.

Elle ne rêvait en effet que les belles préoccupations du génie, le chant pur et sacré des bonnes choses, la sincère et grave exaltation de la vérité : erreur, jeunes gens, erreur. Quand vous aurez tenté tout cela, quand vous aurez demandé au peuple une oreille attentive pour celui qui parle bien et honnêtement, vous le verrez suspendu aux récits grossiers d’un trivial écrivain, aux folies hystériques d’un barbouilleur de papier, aux récits effrayants d’une gazette criminelle ; vous verrez le public, ce vieux débauché, sourire à la virginité de votre muse, la flétrir d’un baiser impudique pour lui crier ensuite : Allons, courtisane, va-t’en, ou amuse-moi ; il