Page:Soulié - Les Mémoires du Diable, 1838, tome I.djvu/59

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Tous les ouvriers s’arrêtèrent, et l’un d’eux, au visage dur, répondit brusquement :

— Vous ferez la pesée vous-même, monsieur Charles, je ne m’en charge pas ; jamais le compte n’est juste avec ces laines du Diable ; on en expédie cent kilos, et il en arrive quatre-vingt-dix.

— Le Diable a bon dos, répliqua le commis ; tu pèseras les marchandises et le compte y sera, entends-tu ?

— Vous les pèserez, Charles, dit madame Dilois, qui avait vu l’ouvrier se redresser d’un air insolent, et le commis le regarder avec menace. Celui-ci ne répondit que par ce signe d’obéissance qui semblait être son premier langage vis-à-vis de cette femme, et madame Dilois lui ayant montré Luizzi du regard, il sauta d’un bond jusqu’à terre, et, s’étant approché du baron, il lui demanda avec politesse ce qu’il désirait.

— Je voudrais parler à M. Dilois, répondit Luizzi.

— Il est absent pour toute la semaine, monsieur. Mais s’il s’agit d’affaires, veuillez entrer