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lui. C’était le jour des maris absents. Il fut reçu par madame Barnet, petite femme maigre, sèche, les cheveux châtains, l’œil bleu terne, les lèvres minces. Quand la servante ouvrit la porte de la chambre à coucher et annonça un monsieur, la voix criarde de madame Barnet répondit :

— Quel est ce monsieur ?

— Je ne sais pas son nom.

— Faites entrer.

Luizzi se présenta ; et madame Barnet alla vers lui, le bras gauche enfilé dans un bas de coton blanc qu’elle reprisait.

— Qu’est-ce que vous voulez ? dit-elle en clignant des yeux ; car madame Barnet avait la vue très-basse, et il est probable que, sans cela, la tournure distinguée de Luizzi aurait adouci le ton grossier dont ces paroles lui furent adressées.

— Madame, répondit Armand, je suis le baron de Luizzi, un des clients de M. Barnet, et j’aurais été charmé de le rencontrer.

Monsieur le baron de Luizzi ! s’écria madame Barnet en déchaussant son bras gauche de