père, Félix accouraient pour mettre un terme à cette scène qu’ils devinaient dégradante pour eux et pour moi ; ils arrivèrent jusqu’à nous, tandis que M. Lannois continuait à chantonner.
« Lorsque Félix me releva, M. Lannois s’écria avec un ricanement triomphant :
« — Doucement, doucement ! prenez garde à l’enfant !
« — Qu’est-ce à dire, Monsieur ? reprit mon frère.
« — Ça veut dire, repartit M. Lannois répétant son hideux jeu de mots, qu’entre jeunes gens, lorsqu’on s’aime on récolte.
« Je retombai à terre, et je vis alors penché sur moi le visage effrayant de ce fantôme inconnu qui avait traversé mes rêves. C’était Félix qui me regardait ainsi. Il y eut sur son visage une contraction effrayante, puis il se releva, et, regardant M. Lannois en face, il lui dit :
« — Vous êtes un infâme et un calomniateur ! et vous venez de mentir impudemment !
« M. Lannois pâlit et trembla. Cet homme si brutal était lâche.
« — Ma foi, c’est elle qui me l’a dit.
« — Ne voyez-vous pas, repartit Félix, que cette malheureuse est folle ?
« — Je ne le savais pas, dit M. Lannois ; je le dirai à mon fils, ça le guérira de sa sotte passion. Une femme folle, bon ! bon ! ça le rendra plus raisonnable.
« Je tentai un effort pour me relever et crier, car M. Lannois avait l’air convaincu de la vérité des paroles de Félix, et sans doute ma conduite ne pouvait qu’aider à cette opinion… Je me traînai sur les genoux, et j’allais parler lorsque la force me manqua, et…… »
VIII
DEMI-CONCLUSION.
Luizzi lisait ce récit avec une attention extrême ; rien jusque-là ne l’en avait distrait, ni les mouvements d’Henriette, ni les plaintes de son enfant, pauvre et chétive créature, née