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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/103

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SÉMIDA.

Ma mort serait la même ; elle triompherait,
Et l’ange du martyre à vous me conduirait,
Si j’étais sur la terre : oui, languissante ou forte,
Dans la joie ou le deuil, l’ombre ou le jour, n’importe,
J’obéirais encore, oh ! donnez-moi l’oubli,
L’oubli d’un nom !


LE CHRIST.


Ce nom, dans l’ombre enseveli,
Qui pour la consumer à ton âme s’attache,
Ce nom, plus ténébreux que la nuit qui le cache,
Eût obscurci ton front et les cieux d’alentour,
Si mon regard sur toi ne conservait le jour.
D’Idaméel perdu tu rêves la présence !
Ton regard, où je suis, remarque son absence !
Ne te souvient-il plus qu’infidèle à ma loi,
Il mit tout son génie1 à s’éloigner de toi ?
Ai-je, pour le sauver, oublié quelque grâce ?
Lorsqu’il volait au mal, ai-je perdu sa trace ?
Je le protégeai plus que tout autre mortel :
Je l’appelai du haut de mon dernier autel,
Et la terre me vit, près d’être anéantie,
M’enfermer, pour lui seul, dans la dernière hostie.
Mais cette âme, toujours fuyant loin de mes pas,
Ne pouvait respirer qu’où Jésus n’était pas.
Tous mes dons dans son sein se tournaient en colère ;
Le vase empoisonnait la liqueur du calvaire.
En vain tu te joignais à moi pour l’implorer ;
Ton amour, astre pur, servit à l’égarer.
Et l’arche où fleurissait la vie, ô ma colombe !