Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/105

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Roi captif, devant lui Lucifer a ployé.
Ivre de son triomphe, esprit que rien ne change,
L’homme a trouvé léger le sceptre de l’archange.
Tant son rêve était grand, tant son front révolté
Se préparait d’avance à cette royauté !


*



Ainsi parla Jésus. Sémida, pâle et belle,
Ne se souvenant plus qu’elle était immortelle,
Crut mourir… ses cheveux, tout baignés de douleur,
Dénoués sur son sein, pleurèrent son malheur.
Les fleurs du Paradis à la triste rosée
Ouvrirent à regret leur corolle irisée.
Ton père,.en ton amour autrefois le premier,
Voila son front pensif priant sous le palmier,
Jeune sainte ! et le ciel, autour de la victime,
Tressaillit de pitié sous un deuil unanime !

Lorsqu’un roi d’Orient descendait au cercueil,
Durant neuf longues nuits, durant neuf jours de deuil,
Ninive gémissait avec toutes ses femmes.
Le même cri, neuf jours, montait du fond des âmes.
Babylone en ses bras penchait l’urne des pleurs ;
Toutes les voix du temple éclataient en douleurs.
Les triples sphinx pleuraient… les éléphants de pierre
Qui portent jusqu’aux cieux la tour de la prière,
Les mages, les guerriers et les vierges d’Isis,
Et les princes venus de la grande Oasis,
Tous ensemble pleuraient… Les pleurs expiatoires,
Débordant du cristal des cent lacrymatoires,
Allaient désaltérer, au bruit des noirs accords,