Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/121

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III.


J’aperçus un damné sur un champ de victoire :
C’était un conquérant…. Pour expier sa gloire,
Il ramasse, courbé, les restes desséchés
Qu’à ses pieds autrefois la bataille a couchés ;
Les choisit, les rassemble, et, changeant de démence,
Avec ces ossements dresse un squelette immense.
Et quand le spectre altier atteint les plus grands monts ;
Sous la main du sculpteur, artiste des, démons,
Quand l’étrange statue est assez façonnée ;
A l’habiter mille ans son âme est condamnée.
Il faut qu’elle obéisse et vienne en le créant,
Pygmalion funèbre, animer le géant.
On la- saisit hurlante, on l’enferme en victime
Dans ce crâne qui touche aux voûtes de l’abîme.
On lui fait de sa gloire, et de son ancien sort
Une auréole autour de la tête de mort.
L’enfer en ricanant suit lé colosse pâle,
Jusqu’au jour où, bornant sa course sépulcrale,
Ses os mal cimentés crouleront en chemin,
Pour se dresser encor sous la royale main.


IV.


Plus loin, s’affermissait dans sa pose homérique
Un réprouvé superbe, au beau front électrique.
Son orgueil éclatait dans son puissant maintien ;
Il avait les cheveux de l’Apollon Pythien.
Ses sourcils ondulaient ; sur leur courbe abaissée