Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/156

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Le sang de tes captifs, le sang, moins vil que toi,
Des peuples que les feux dorment au peuple-roi.
Ces pompes-et ces jeux., tout chargés d’anathèmes,
Sont dignes de l’enfer en demeurant, les mêmes.
Mélange sans pareil, colosse de débris ;
Fleuve ressuscitant mille fleuves taris ;
Effroyable chaos de tant de saturnales,
Que l’abîme impuissant emprunte à nos annales.
Fête unique et multiple, hydre au bond dévorant !
Chaque veine du monstre a du sang différent ;
Et ce sang, redoublant son impure énergie,
Court des membres au cœur de la hideuse orgie ;
Anime sa fureur, et partout déchaînés
Fourmillent sous leurs pas les plaisirs des damnés.

Du vertige égaré sœur folle et tournoyante,
La ronde aux mille bras les emportait bruyante ;
Et, de ses bonds poudreux aveugla les regards,
Soulevait le poids lourd de leurs cheveux épars.
Fantômes enivrés, à leurs plaisirs en proie,
Leur danse ressemblait, dans sa farouche joie,
A celle que formaient sur un rocher fameux,
Des Grecques à l’œil cave et souriait comme eux,
Quand, se lançant au fond eu gouffre qui murmure,
Leur chute de la ronde y marquait la mesure ;
Quand, son fils dans ses bras, chacune en s’y brisant,
Ajoutait à l’horreur du cercle décroissant.
Les accords que rendaient les topes foudroyées,
Sur le sein des démons dans la fête appuyées,
Rappelaient ces refrains que soupire à midi,
Sous l’œil du maître, aux champs, le nègre abâtardi.