Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/195

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« Que la chute d’un monde écrase un peu d’orgueil. »
« — Dieu fut cruel, vieillard, il créa la souffrance.
« — Au flot brûlant des pleurs se baigne l’espérance.
« Ne juge pas, mon fils, toi qui déjà m’es cher,
« L’œuvre du Tout-Puissant avec l’œil de la chair.
« C’est à l’œil de l’esprit à percer les nuages
« Dont la vie en passant nous voile ses images.
« La souffrance est céleste, et dans les jours anciens
« Nul trépied n’eut des feux plus sacrés que les siens.
« Si Job est éprouvé, sa force se confirme,
« Satan est terrassé par le bras de l’infirme ;
« Comme l’esprit divin succomba sous Jacob,
« L’esprit du mal succombe à la lutte de Job.
« Si d’Oedipe abhorré les larmes vagabondes
« Rongent de ses yeux morts les orbites profondes,
« Œdipe enfin triomphe ; aveugle radieux,
« L’Euménide pour lui frappe aux portes des Dieux,
« Et son cercueil sauveur protège la contrée
« Où la foudre lui creuse une tombe sacrée.
« Laisse tous ses trésors à la sainte douleur ;
« Le crime est ici-bas notre unique malheur.
« Nous enfantons le mal, et le mal nous réclame :
« C’est un plomb qu’on attache aux ailes de son âme !
« Oui, plaignons le méchant et son rêve agité ;
« De la création convive rejeté,
« Sa flétrissure au cœur lui flétrit les étoiles.
« Ainsi que l’araignée en ses immondes toiles,
« Il file autour de lui les réseaux de poison
« Qui des bienfaits de Dieu lui cachent l’horizon.
« Chaque rayon du jour lui revient en ténèbres :
« Son âme, entrelacée à ses penchants funèbres,
« Pour dernier châtiment les invente en autrui,