Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/199

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Si, quand je vois souffrir, je ne consolais pas ?
Retrempez votre cœur aux mystiques fontaines,
Pour l’apaiser… — Il est sous des îles lointaines
Un volcan, et toujours du fond du gouffre amer
Jaillissent des feux noirs que n’éteint pas la mer.
— Que votre désespoir afflige ma faiblesse !
Mais l’arbre de l’encens sous le fer qui le blesse
Se répand en parfums ; oh ! restez près de nous.
L’univers qui se meurt est moins triste que vous.
Et moi, moi qui d’amour ne dois pas être aimée,
D’un besoin de pitié je me sens consumée :
Je donnerais pour vous, oui, les cieux me croiront,
Jusqu’à la croix d’azur qui scintille à mon front !
L’arche, aux sommets d’Arar, sur les neiges surnage,
Et je ferais, pieds nus, ce saint pèlerinage,
Afin de vous guérir… mais comment approcher ?
Un ange flamboyant veille autour du rocher,
Nous serions foudroyés avant d’atteindre au faîte :
Mon père nous l’a dit et mon père est prophète !
Parlez-lui de vos maux, à voix basse, de près ;
Car, comme Daniel il sait de grands secrets.
Il a, pour nos douleurs, de merveilleux dictâmes,
Il sait apprivoiser les lions et les unies ;
Dans notre langue humaine il sait traduire Dieu,
Le voir au fond des cœurs comme au fond du ciel bleu,
Et dans l’orbe pourpré des humbles épilobes,
Comme autour du soleil dans la courbe des globes.
— J’aime mieux, Sémida, ton beau voile flottant.
— Mais moi, je ne sais rien, Idaméel …… Pourtant,
Si vous vouliez ouïr d’ineffables louanges,
Je vous raconterais ce que disent les anges ;
« Je vous enseignerais des mots doux et charmants,