Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/268

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D’accorder à son deuil les voix du talisman ;
Elle demande en vain à ses plus beaux cantiques
De rendre aux fibres d’or leurs larmes extatiques ;
La harpe, entre ses bras, rayonne et l’éblouit.
Comme une large fleur l’accord s’épanouit,
Lançant dans l’air, au lieu de vapeurs odorantes,
Tout l’amoureux poison de ses flèches vibrantes.
La harpe fait éclore à ses appels puissants,
Tels qu’un mirage ailé, mille sylphes dansants,
Et semble réunir, magique et possédée,
Aux voix du sentiment les tableaux de l’idée.
Plus Sémida s’obstine, et plus la volupté
Transpire abondamment de l’ivoire enchanté.
La passion s’empreint dans la note rebelle,
Les bémols langoureux lui disent qu’elle est belle,
Et jettent, séducteurs comme une voix d’amant,
D’harmonieux défis à son étonnement.
Des couleurs de l’amour les gammes nuancées,
Échos révélateurs des brûlantes pensées,
Courent dans ses cheveux en frissons caressants ;
Font résonner l’ivresse au clavier des sens,
Ou viennent ranimer, pour ses rêves de femme,
Tout un monde oublié dans les sommeils de l’aine.
Les ramiers, par leur deuil autrefois séparés,
Descendent, deux à deux, de leurs pleurs délivrés.
Ils ont changé de voix sur la harpe changée,
Des sanglots de David la nature est vengée ;
Et la vive luciole, attentive aux doux sons,
Semble de plus de feux étoiler les gazons.
Et d’un réseau d’accords la vierge est prisonnière ;
Le ciel ne descend plus au cri de sa prière,
Et son pieux espoir, de langueur affaissé,