Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/270

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Sa lèvre, sans sourire, a des mots de bonheur.
La voilà par degrés lentement ranimée,
Et douce, et calme, et prête au charme d’être aimée.
Qu’elle est belle !… Une nuit, qu’éloignés de l’Arar,
Respirant la fraîcheur de la mer d’Aghtamar,
Dont le flot croît sans cesse, et couvre, exempt d’orages,
La corbeille de fleurs qui lui sert de rivages ;
Je disais : — « Sémida, tiens, regarde à tes pieds.
« Oubliant des forfaits par la gloire expiés,
« Loin de sa Babylone, une reine puissante
« A baigné ses splendeurs dans cette mer croissante.
« Elle a cru l’enchaîner à son berceau natal.
« Tous les bras asservis du monde oriental
« Sont venus, quarante ans, de miracles prodigues,
« Déraciner des monts pour en bâtir des digues.
« On les voit poindre encor sous les flots insoumis ;
« La mer n’a point encor vaincu Sémiramis.
« Veux-tu, ma Sémida, voir surgir de l’abîme
« D’un passé merveilleux le colosse sublime ?
« Voir revivre un moment pour le monde étonné,
« Ce royal souvenir de siècles couronné ?
« Voir Sémiramacerte, altière hécatompyle,
<c Relever du tombeau sa grandeur immobile,
« Et tous ses arcs géants, d’emblèmes surmontés,
« Poëmes de granit par l’histoire sculptés ?
« Oh ! veux-tu de Ninus voir la veuve elle-même,
« Pour le purifier, t’offrir son diadème,
« Et recevoir de toi dans sa belle cité,
« Des leçons de puissance et d’immortalité ?
« Fais un signe, et soudain, comme un grand météore,
« Des temples sur la mer luiront jusqu’à l’aurore.
« Tu régneras sur eux ; tu soumettras au frein