Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/280

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« Enchante l’air muet des accords de ton âme ;
« Sois l’hymne consolant de ce monde désert.
« La voix d’Eve, en Éden, était le seul concert -,
« Et la tienne est semblable à cette voix si tendre,
« Que les anges du ciel avaient peur de l’entendre !
« Et la tienne a des mots magiques et voilés
« Qui dans le Paradis n’étaient pas révélés ;
« Des mots dont la pudeur, de tristesse embellie,
« Rend le bonheur jaloux de la mélancolie ;
« Et qu’adorait de loin à leur charme séduit,
« Chaque astre qui mourait sur le front de la nuit,
« Avant qu’Idaméel, se couvrant de ses armes,
« Eût sauvé le soleil pour regarder tes charmes ;
« Avant qu’Idaméel, vainqueur, prophète et roi,
« Eût ranimé l’amour pour être aimé de toi.
« 0 ma divine amante, âme de mon empire,
« L’univers dépeuplé te regarde et soupire ;
« Il t’attend pour renaître, et tu ne veux pas, non,
« Qu’il retombe au néant en accusant ton nom.
« La terre t’affranchit d’une épreuve éphémère,
« Car, tu ne peux, enfant, laisser mourir ta mère ;
« Car déjà dans les cieux le flambeau des amants,
« La lune s’est éteinte au bruit de tes serments.
« A la mort, comme toi, se livrant en hostie,
« Dans ta première tombe elle s’est engloutie ;
« Et ton ange Éloïm ne t’instruit qu’à moitié,
« S’il n’a pas à ton cœur enseigné la pitié.
« Oh ! n’anéantis pas notre amoureuse extase,
« Comme un parfum scellé qui meurt au fond du vase.
« Ton père, Sémida, m’a proscrit de ce lieu :
« Ton père était un homme, et moi je suis un dieu !
« J’échappe par ma gloire au serment de ta bouche :