Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/347

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Puisque les chérubins ici ne parlent pas.
Ils n’ont pas même dit : — Soyez persévérantes !
Ou béni les chemins que nous suivons errantes.


SÉMIDA.


Non, mais ils ont laissé leur trace de rayons
Devant nous, et voilà leurs bénédictions.
Les sentiers lumineux pour nous n’ont rien d’étrange :
La sainte peut aller aux lieux d’où revient l’ange.


EVE.


La femme doit trembler, enfant, je te le dis,
A chaque pas nouveau fait hors du Paradis !
Christ n’est point ici…


SÉMIDA.


                                        Non ; mais, si loin parvenues,
Essayons en priant ces routes inconnues,
O ma mère ! en priant ; qui sait, qui peut savoir
A quelle œuvre d’amour nous conduirait l’espoir ?
Peut-être en avançant dans la sphère isolée,
Nous entendrons, de loin, quelque plainte voilée,
Et nous l’enfermerons dans notre sein aimant,
Pour la porter ensemble au roi du firmament.


EVE.


Que dis-tu, que dis-tu ? C’est un crime peut-être.


SÉMIDA.


Reporter dans son nid l’oiseau qui vient de naître ;
Rendre sa perle à l’onde ; à son rameau doré,
Sans blesser ses couleurs, l’astiale pourpré ;