Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/427

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Retombe, et le roc tremble, et dans l’air gémissant
L’arc de la chute immense a ruisselé de sang.

Alors Christ, qu’à la fois du haut de leurs colonnes
Viennent de blasphémer les treize Babylones :
« Seigneur ! Seigneur ! pourquoi m’avoir abandonné ? »
Et vers les deux enfants son regard s’est tourné.
Beaux enfants ! nouveau-nés de sa sainte présence,
Prenez le manteau blanc que portait l’innocence.
Adorez-le longtemps devant lui prosternés,
De son regard divin beaux enfants nouveau-nés !!!
Du père de famille assistez l’agonie ;
Votre tête si blonde et déjà si bénie,
Jusqu’au sol rédempteur en pleurant courbez-la.
Autrefois le disciple et l’amante étaient là ;
Il croira voir, trompé par votre front qui prie,
Pleurer, près de saint Jean, Madeleine-Marie,
Et de sa passion vous le reposerez
Par ce doux souvenir que vous rappellerez !

Et la croix qui montait terrible, et sur l’abîme
De l’un à l’autre enfer balançait la victime,
Retombe, et le roc tremble, et dans l’air gémissant
L’arc de la chute immense a ruisselé de sang.

Mais voulant à son tour que sa terreur rampante
S’affermisse aux remords, sous cette croix tombante,
Au pied du Golgotha voici venir Satan,
Qui, n’osant pas gravir le mont sublime, étend
Ses deux ailes en deuil, comme un drap funéraire
Déjà tout parsemé des gouttes du Calvaire.
« Irai-je aider le Dieu ? non… espoir décevant !…