Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/429

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« Jusqu’aux portes du Ciel : — Il a pleuré sur lui !!! »

Et la croix qui montait terrible, et sur l’abîme
De l’un à l’autre enfer balançait la victime,
Retombe, et le roc tremble, et dans l’air gémissant
L’arc de la chute immense a ruisselé de sang.

L’abîme se consulte, et ses palais plus sombres
S’emplissent de l’horreur du silence et des ombres :
Silence entrecoupé de chutes de la croix,
Ténèbres dont l’airain n’égale pas le poids,
Les hydres qui traçaient leurs sillons de bitume,
Les stellions pourprés dont l’enfer boit l’écume,
Les anacandayas, les scytales hideux,
Voudraient fuir : les frayeurs s’enlacent autour d’eux ;
Et se dressant dans l’air, cette moisson vivante
Sur le mont martyr flotte au vent de l’épouvante.

Et les démons aussi, venus par nation
Vers le roc qui ne peut porter la passion,
Voudraient fuir…Mais leurs bras sous le poids invincible
Se roidissent d’eux-même à l’effort impossible ;
Et revenant sans cesse, et sans cesse abusé,
Sous les forfaits de tous chacun reste écrasé ;
Et ne peut plus quitter, à l’heure solennelle,
Cette croix qui se plaint de sa chute éternelle.
— Aide-moi, réprouvé, ce travail t’appartient,
Se disent-ils entre eux, son supplice est le tien. —
Les uns, spectacle affreux dont l’abîme s’étonne !
De leur front de rocher heurtent la croix qui tonne,
Sans espoir de briser, blasphémant sous l’affront,
Dans ce choc colossal ni la croix ni leur front.