Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/67

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Se fait de l’avenir une sainte couronne ;
Ces élans, ces bonheurs, ces fruits que notre main
Cueille si rarement aux arbres du chemin,
Près des célestes biens semblent tous disparaître ;
C’est le néant perdu sous les splendeurs de l’être.

Les aveux qu’une vierge, à l’hymen souriant,
Mêle aux tièdes soupirs d’une nuit d’Orient ;
L’hymne tout rayonnant qui dans les airs s’élance,
Quand Bulbul vient du soir étoiler le silence ;
L’onde qui, sous la rive aux contours assouplis,
Se balance, en berçant l’image d’un beau lis- ;
Les souffles du printemps ; l’orgue du sanctuaire
Épanchant dans la nef son fleuve de prière ;
La musique d’un rêve, au chevet embaumé
De l’amante qui dort sous le regard aimé ;
Les sept esprits voilés des harpes éoliques,
Qui chantent leurs amours aux nuits mélancoliques ;
Ont des accents moins doux, des sons moins gracieux,
Que les mots accordés dans la langue des cieux :
Harmonieux trésor des phalanges divines,
Et tombant de leur lèvre en perles cristallines.
Ces mots sont virtuels, ces mots sont tout-puissants ;
De la création germes phosphorescents,
Types mystérieux où la nature existe
Comme un chef-d’œuvre au fond des rêves de l’artiste,
Et qui seuls ont peuplé l’air et l’onde et les bois,
Quand Dieu les prononça pour la première fois.
Ces mots sont lumineux, et leurs flammes dorées
Évoquent des objets les formes éthérées,
On voit en écoutant…. Tel, dans Memphis tracé,
L’antique hiéroglyphe, oracle du passé,