Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/92

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Montrez-lui qu’elle est belle au miroir de ses pleurs !
L’âme de votre sœur se meurt de défaillance.
Venez… mais, sans vous voir, elle fuit en silence
L’ombre du Nialel, arbre transfiguré
Qui nourrit les élus de son doux miel ambré.
Elle fuit les ruisseaux tout bordés d’asphodèle ;
Elle fuit, sans les voir, à sa langueur fidèle,
Les perles q« ’à ses pieds roulait chaque Ilot bleu,
Grains de sable natifs des fontaines de Dieu,
Quelquefois, pour entendre une voix qui console,
Elle donnait son âme aux soupirs de sa viole ;
Écho mystérieux, ineffable, infini,
D’un nom qui n’était pas sur le livre béni ; ,
Et ses cheveux voilaient de leurs soyeuses, tresses,,
L’instrument radieux en pleurs sous ses caresses.
Elle ! dont le regard aurait, s’il eût voulu,
Inondé de bonheur l’anneau d’or d’un élu. ;
Et dont la pure voix, même dans son délire,
Chantait plus près da Dieu que la céleste lyre ;
Elle ! dont la couronne avec grâce étoilait
Le nuage indécis, qui toujours la voilait.
On dit que les vieillards, au grand front prophétique,
Respectaient sa tristesse et son trouble extatique,
Comme un miracle saint, scellé d’un triple sceau,
Et dont l’obscurité décora son berceau,
Ainsi l’Arabe encor, comme un mystère immense,
A l’égal du Coran adore la démence :
Dans une âme où n’est plus le jour du souvenir,
Il croit pouvoir surprendre un rayon d’avenir ;
Et les secrets du sort dans sa mélancolie,
Et le regard divin dans l’œil de la folie.