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LE MÀHÂBHARATA. 111

que Brâhma, le souverain des êtres, et il charge Manou de créer de nouvelles générations, d'organiser un nouvel uni- vers. Si ce mythe rappelle un peu l'histoire biblique de Noé et la fable grecque de Deucalion, elle reproduit bien plus exactement et presque à la lettre un épisode du Yadjôur blanc, que nous avons cité plus haut dans notre étude sur les Vêdas.

De ces hauteurs cosmogoniques, l'épisode des amours de Nala et de Damayantî nous ramène à des proportions plus humbles et à des fictions plus aimables. Cet épisode est assez connu par l'imitation poétique que Kalidàsa en a faite, par les traductions de Bopp, de Milman, de M. Emile Burnouf, par l'analyse que Lamartine lui a consacrée dans le quatrième entretien de son Cours de littérature: il y règne une grâce et une fraîcheur, qui ne sont pas rares dans la littérature indienne, surtout dans les œuvres plus récentes que celle-ci, et nous ne croyons pas inutile d'en donner un rapide ré- sumé. Nala, fils de Viraséna, le roi de Nishada, était le plus beau des hommes, le plus habile des écuyers : soumis aux dieux, brave à la guerre, heureux au jeu, il commandait à de vaillantes armées ; il était recherché par les femmes les plus séduisantes. Un roi voisin, celui de Vidarbha, Bhima, avait une fille, Damayantî, qui, de son côté, était comblée de tous les dons du ciel. Devant elle, tout le monde parlait de Nala ; devant lui, tout le monde célébrait Damayantî, en sorte que, sans se connaître, ils étaient tout disposés à s'aimer. Le ciel s'en mêla; car des cygnes merveilleux voltigeaient de l'un àl'autre à travers l'espace et excitaient leur mutuelle sym- pathie par de galants messages. La princesse devint rêveuse et mélancolique ; elle pâlit, elle languit ; son père, qui a de- viné son trouble, appelle tous les souverains du pays à la fête du Swayambara (fête des fiançailles) : ils arrivent en foule, et Xala n'est pas le dernier. Mais une singulière épreuve l'attend : en route, il rencontre quatre dieux, ceux de l'air, du feu, de l'eau et de la mort, Indra, Agni, Varouna et Varna,

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