Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/130

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son conseiller, le faux brahmane Kanka, qui n’est autre que Youdhichthira. Celui-ci qui, l’on s’en souvient, avait déjà deux fois perdu à ce jeu son royaume, sa liberté et celle de ses frères, balance longtemps; enfin, la partie commence. Une querelle la suspend bientôt : des paroles on passe aux actes; Youdhichlira jette les dés à la face du roi; l’affront est sanglant; mais un roi n’est rien, mis en comparaison avec un prêtre, et c’est l’insulté qui demande pardon à l’offenseur. Trois jours après, les Pândavas se purifient, se parent de leurs plus beaux ornements et, leurs douze années d’exil étant terminées, se présentent au roi, le front haut, comme étant ces cinq fugitifs dont la renommée a rempli l’Inde entière. Afin de récompenser Ardjouna de ses bons offices, Virâta lui offre en mariage sa fille Outtara; il la refuse: il est déjà marié. Mais ce serait là une objection insuffisante; il a d’autres motifs plus sérieux :

J’habitais, dit-il, avec Outtara dans le gynécée ; je la voyais sans cesse, devant témoins ou en secret; elle se fiait à moi autant qu’à un père. Elle avait des sympathies et des égards pour celui qu’elle croyait être un eunuque danseur et habile à chanter; elle me re- gardait comme un de ses maîtres, celle que tu m’offres. Toute une année, j’ai vécu à ses côtés : après cela, seigneur, dans ton palais, parmi ton peuple, que penserait-on de nous?

Cette princesse, qu’il n’ose épouser par scrupule, il l’accepte pour son fils Abhymaniou, et une alliance solide s’établit entre les Pândavas et les princes des Matsyens ; le cinquième livre (Oudyôga-Parva) nous en développera les conséquences. Des deux côtés, on se prépare à la guerre, bien que la voix de la sagesse tâche de se faire entendre. Un être mystérieux, qui est une des incarnations de Wisbnou, l’homme-dieu Krishna, prince de Dwârâka (ou Guzzerate) quitte ses États. Il y a échappé aux embûches du tyran Kansa ; il l’a tué : étant uni par les liens du sang aux deux branches rivales, il se rend dans les deux camps, afin d’y tenter une réconciliation. Sachant bien ce que réserve l’avenir, il offre