Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/153

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LE MAUABAUAT11A.

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��Les magnanimes Pândavas el la vertueuse Draupadî, ayant d'abord jeûné, marchent vers l'Orient, remplis de dévotion et déci- dés à pratiquer la loi du renoncement; ils franchissent bien des pays, des fleuves, des mers. Youdhichthira s'avançait en tête; Bhîmaséna derrière lui, ensuite Ardjouna, puis les deux jumeaux Xakoula et Sahadêva successivement ; puis la meilleure des fem- mes, la bonne Draupadî, à la taille élégante, aux yeux plus beaux que le lotus: enfin un chieiVles suivait à travers les fo.rêts.

Ardjouna tenait son arc Gandîva, ses flèches enchantées, ses deux carquois inépuisables. Agni, le dieu du Feu, lui appa- raît et lui demande le sacrifice de ces précieuses armes; il n'hésite point et les jette à l'eau. Ils marchent longtemps et gravissent ces pentes abruptes de l'Himalaya, qui doivent les conduire au séjour de la béatitude; mais pour y arriver, com- bien il faut de force et de foi ! Les voyageurs chancellent épuisés et succombent, chacun à son tour, et Youdhichthira explique aux autres la cause de leur chute. D'instant en ins- tant, ils tombent et ils meurent : Draupadî, parce qu'elle a aimé Ardjouna plus que ses quatre autres époux ; Sahadêva, parce qu'il s'est enorgueilli de sa sagesse; Nakoula, parce qu'il a été trop fier de sa beauté; Ardjouna, parce que sa vaillance l'a rendu présomptueux; Bhîmaséna, parce qu'il a abusé de la violence. Seul Youdhichthira, le prince honnête et équi- table, continue sa route périlleuse, et le chien le suivait tou- jours! Indra, le dieu du tonnerre, se montre à lui et lui offre de l'emporter sur son char; mais le pèlerin songe tris- tement à ceux des siens dont les cadavres jonchent les sentiers de la montagne, et il engage avec Indra ce dialogue singulier et touchant :

> (Mie mes frères tombés viennent avec moi;ô maître des dieux, sans eux je ne veux pas monter au ciel. destructeur des villes, que cette fille de rois, si tendre et si digne de félicité, nous accom- pagne aussi: daigne y consentir. — Tu verras tes frères dans les cieux ; tous quatre y sont parvenus avant toi, en compagnie de Draupadî; ne t'afflige point, ô le plus éminent des descendants de Bhârata '. Prince, ils suui partis, après avoir renoncé à leur corps

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