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188 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

en vain ; voyant d'en haut cinq singes, alliés fidèles de son mari, elle leur jette des bijoux et plusieurs pièces de son costume, qu'ils pourront remettre à Râma en signe de re- connaissance. Ràvana descend enfin à Lanka, où il cachera son précieux trésor ; il y confie la jeune femme à la surveil- lance de quelques ogresses, et elle se laisserait mourir de faim et de douleur, si Bràhma n'envoyait Indra et le dieu du sommeil pour la nourrir, la consoler et lui annoncer sa pro- chaine délivrance.

Râma, vainqueur de Mârîtcha et rejoint, à sa grande sur- prise, par Lakshmana, découvre que son ermitage est désert et que sa chère compagne lui a été enlevée. Il recueille çà et là des traces du rapt et du combat qui en est résulté : il aper- çoit Djatâyouch blessé qui lui en raconte toutes les circons- tances, qui lui dénonce l'odieux attentat du tyran de Lanka et qui meurt pour l'avoir trop bien servi. Le héros ému fait son oraison funèbre, lui élève un bûcher, lui offre les libations et les prières accoutumées, et l'âme de l'oiseau monte aux cieux. Un nouveau monstre apparaît aux deux frères épouvantés : c'est Kabandha, dont l'œil unique et la bouche sont placés au milieu de la poitrine. Il agite ses deux bras immenses ; mais les jeunes princes les lui coupent au moment où il va s'emparer d'eux et les dévorer. Alors il leur apprend qu'ils viennent, à leur insu, de le délivrer d'un funeste enchante- ment. Il s'appelait Danou, fils de Lakshmi, la déesse de la Beauté : aimable, puissant, immortel, il eut un jour la témé- rité de défier Indra. Indra le maudit et le rendit difforme ; la rencontre de Râma et de Lakshmana devait seule lui res- tituer sa première nature : il les supplie donc de le brûler, et il sort des flammes jeune, superbe, glorieusement trans- figuré, en leur indiquant un prince voisin, Sougrîva, qui leur fournira sûrement les moyens de retrouver Sitâ.

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