LE THÉÂTRE INDIEN. 263
classées d'après leur longueur ou leur complication, la nature du style employé, la situation et le rang attribués aux inter- locuteurs, les sentiments qui y étaient exprimés, les circons- tances qu'elles présentaient, les divertissements qui y étaient joints. Elles étaient tour à tour mythologiques ou historiques, héroïques et militaires, intimes et sentimentales, satiriques ou plaisantes, et correspondaient assez bien à ce que nous entendons actuellement par tragédies, comédies, mélodrame:-, opéras, ballets, féeries ou vaudevilles.
Généralement le drame hindou était précédé d'un cour! prologue, souvent intercalé après coup, qui avait une loin- taine analogie avec ceux d'Euripide ou de Plaute, en ce qu'il indiquait le nom du poète, qu'il fût vivant ou mort, et qu'il donnait déjà une idée succincte de l'objet qu'il s'était pro- posé; il ressemblait aussi un peu à ceux qu'on trouve ça et là chez Molière et chez Reg'nard, en ce qu'il était dialogué. C'était communément le directeur delà troupe qui était censé interpeller un acteur ou une actrice, sans oublier un gra- cieux compliment pour le public et une prière, appelée nandi, adressée : à Siva, le dieu de la destruction aux trois yeux et, aux quatre bras; à Pàrvatî, sa redoutable épouse; à Ganéça, le dieu de la sagesse a tète d'éléphant; à Sarasvatî, la déesse de l'éloquence, armée du luth et couronnée de lotus, ou à toute autre divinité de l'Olympe indien. Notez que ce di- recteur ou soutradhâra était presque toujours un brahmane et qu'il était obligé d'avoir une connaissance approfondie du théâtre, de ses classifications et de ses procédés, des diffé- rente idiomes de la contrée, des coutumes des peuples, des mœurs de chaque caste, de la critique, de la versification, des beaux-arts et des arts mécaniques. Plaute, Shakespeare et Molière, qui ont dirigé des compagnies dramatiques, auraient été, j'en conviens, de force à remplir à la lettre ce programme difficile; mais de nos jours, il ne conviendrait peut-être pas de l'imposer trop strictement à plusieurs de nos entrepre- neurs de manufactures théâtrales. Mentionnons encore, à titre
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