Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/35

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de 1000 à 800 : de là datent peut-être les sanhitâs ou collections poétiques, sinon celles du Yadjour et du Sâma, du moins celle du Rig-Véda. On y remarque le caractère d’une littérature qui cesse d’être naturelle, libre et originale, et qui imite, classe, groupe avec soin des monuments antérieurs. On y reconnaît un dessein spécial : c’est de mettre d’accord les prières et les chants avec les rites et les solennités. N’est-il pas singulier de voir les auteurs de ces dix mandalas ou livres du Rig observer, en général, un certain ordre, invoquer Agni, puis Indra, puis les Wiçvadévas, et ainsi de suite, comme si les diverses tribus, qui passent pour avoir composé ces différentes livres, avaient subi une influence commune, obéi au même code religieux ? Dans chacun de ces mandalas on trouve des hymnes, surnommés Aprîs, c’est-à-dire hymnes de paix, rédigés à peu près en un nombre égal de vers et exprimant une intention semblable : soit l’espoir de fléchir le courroux des dieux irrités, soit le désir de rétablir la concorde parmi des dynasties ou des familles rivales. Tout cela démontre une unité incontestable de direction, une autorité supérieure, ou celle des Brahmes dont la caste commençait à sortir de l’ombre, ou celle d’un corps quelconque qui régularisait déjà le culte public.

Au reste, on n’ignore pas qu’il existait, vers cette époque, dans l’Inde ancienne, quatre catégories de prêtres : les Adhvaryous, les Oudgâtris, les Hotris et les Brâhmanes, sans compter douze ou treize espèces d’auxiliaires subalternes, employés ou non, selon que la cérémonie était plus ou moins importante. Les Adhvaryous s’occupaient du matériel des sacrifices : ils mesuraient le terrain, construisaient l’autel, préparaient les vases, l’eau et le bois, allumaient le feu, amenaient les victimes et les immolaient ; ils apprenaient par cœur quelques prières, qu’on a recueillies sous le nom d’Yadjour-Véda. Les Oudgâtris faisaient office de choristes ; ils devaient connaître la musique, et une musique même assez développée : on a réuni les canevas de leurs cantiques, et c’est ce qu’on