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352 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

elle ne sort jamais de son appartement particulier; elle ne rit plus librement; mais sans cesse elle emploie quelque réticence mo- deste. Elle parle peu, et ce peu qu'elle dit est toujours empreint d'un certain mystère ; quand une de ses compagnes l'entretient au sujet des cœurs sensibles, elle la regarde d'un œil courroucé.

Voici comment se comporte celle qui se dérobe aux ca- resses :

La regarde-t-on ? elle détourne les yeux; elle ne répond pas lorsqu'on lui parle; elle se tient debout, éloignée de la couche nuptiale; si je l'embrasse de force, elle tremble ; quand ses amis, qui l'ont amenée jusqu'à ma maison, sont sur le point de se re- tirer, elle voudrait aussi quitter ma demeure. Mais cette pudeur même me fait chérir encore plus ma chère fiancée.

Ainsi parlait un mari amoureux. Celle qui est adulte est ravissante de tendresse, plus passionnée, plus hardie de paroles, tout en observant les lois de la modestie. Celle qui est plus âgée s'abandonne à sa fougue; elle est vive et forte, habile en toute espèce de plaisirs; sa démarche est impo- sante ; sa modération n'est pas grande ; elle domine son amant: c'est la femme de trente ans de nos romanciers, c'est le premier rôle féminin de nos drames. Je laisse de côté des exemples, relatifs au portrait physique de la dame entre deux âges (la Matrona potens d'Horace) et à son expérience en fait d i sentiment, parce qu'ils touchent de trop près aux in- ventaires de nos réalistes modernes ou aux métaphores du Cantique <h's Cantiques ; mais voyons comment elle subjugue celui qu'elle aime :

Monsek leur, lai dit-elle, frisez les boucles de mes cheveux; mon cher, tracez de nouveau sur mon front les peintures d'usage; maître de mon àme, arrangez mon collier qui s'est dé- taché sur mon sein. » Elle dit, et cette beauté, dont le visage ressemble à la lune pleine, tressaille toutes les fois qu'il la touche et retombe, pressée entre ses bras.

Remarquons que toutes ces femmes réputées honnêtes sont encore classées, sauf les plus jeunes, selon qu'elles savent se

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