Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/37

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ment les monarques de leurs présents pour les encourager à la libéralité ; c’est alors que toutes les fonctions du sacerdoce sont indiquées avec leurs noms précis et leurs nuances exactes. Enfin, de rares pièces, plus nouvelles que les autres, sont celles où se trahit une sorte de réaction satirique contre les progrès croissants de l’influence brâhmanique : une, par exemple, attribuée au célèbre Vasishtha, chapelain du roi Soudas, et très-visiblement ironique, puisque les Brahmes y sont comparés à des grenouilles de couleurs variées, s’agitant au fond de leurs marécages, coassant en chœur et demandant au ciel une pluie bienfaisante. L’âge de la prose et de la critique approchait.

Un problème qu’on ne peut s’empêcher de se poser à ce sujet, c’est de savoir si les hymnes de cette période, et surtout ceux du Rig, furent écrits ou seulement consacrés par la tradition seule. Ainsi, l’écriture était connue des anciens Hébreux, puisque l’Exode, les Psaumes, le Livre de Job y font de fréquentes allusions : elle était, au contraire, ignorée aux temps d’Homère ; car l’Iliade et l’Odyssée n’en parlent nullement, et il est certain que ces poëmes ne furent transcrits que plusieurs siècles après leur composition. La découverte de l’écriture, bien autrement indispensable que celle de l’imprimerie, son application à des œuvres littéraires, attestent une transformation essentielle dans l’état social d’un peuple et, dès qu’elle existe, les témoignages de son existence abondent. Or, le Rig ne présente aucune trace d’écriture, ni sur peaux d’animaux, ni sur écorce, ni sur papier, aucune mention de plumes ou de livres, rien qui se rapporte à un art si précieux. Même à l’époque des brâhmanas, peut-être à l’époque des soûtras, il paraît avoir été inconnu, et c’est de bouche en bouche que l’on se transmettait cette quantité considérable de documents religieux en vers et en prose.

N’est-ce pas ainsi que se propagèrent longtemps les chants homériques ? n’est-ce pas ainsi que les Druides, au rapport de Jules-César, se léguaient de génération en génération le