Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/65

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Quant au style des Védas, il est en proportion exacte avec l’inspiration religieuse qui y règne. Grandiose et magnifique tant que celle-ci est puissante, il décline en même temps que l’ardeur de la foi et se perd comme elle au milieu du formalisme prosaïque des derniers Védas. Considéré dans le Rig, il peut se comparer parfois aux plus beaux élans des Psaumes et des prophéties bibliques. La langue, différente du sanscrit ordinaire, y est simple, mais forte et nerveuse ; la versification y est d’une richesse, d’une élégance, d’une flexibilité que celle des odes de Pindare ou des chœurs d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide n’ont pas surpassée.

En regard de ces beautés, il serait facile d’y signaler de graves imperfections : l’absence de mesure, l’intempérance des idées, le luxe désordonné des images. Nul assurément n’aura la pensée de demander aux Védas des modèles de poésie, pas plus qu’on ne leur demandera une religion et une philosophie, applicables à nos besoins de piété et de méditation. Ce qu’il y faut chercher, ce qu’on y trouvera, c’est le plus ancien témoignage que notre race, la race indo-caucasienne, ait laissé d’elle-même ; témoignage qui annonce et explique sa future grandeur. Pour bien comprendre la civilisation qui a fleuri successivement à Athènes, à Rome, dans l’Europe occidentale, il n’est pas inutile d’en étudier la première et féconde ébauche au sein des tribus aryennes.