Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou Ion, Grecs), avec leur roi Dattâmitra ou Démétrius ; c’est qu’on y parle des planètes et des signes du zodiaque, dont les Hindous paraissent avoir emprunté la connaissance à la Grèce ; c’est qu’enfin les dieux dont les noms y reviennent le plus souvent, Siva, Wishnou, Krishna, n’appartiennent qu’à une mythologie de seconde formation. Il ajoute qu’on a dernièrement découvert dans l’île Bali, près de Java, la traduction en langue cavi de plusieurs livres du Mahâbhârata, qui diffèrent par l’étendue et la forme du texte ordinaire. Est-ce assez de complications et de ténèbres ? Parmi les Orientalistes, les uns s’appuient sur le caractère naïf de ce texte ; ils en signalent la vétusté apparente ; ils affirment avec Wilson que tous les Pourânas en sont dérivés : d’autres n’y voient qu’une compilation déjà moderne ; on l’a tour à tour supposé antérieur et postérieur au Râmâyana. Il est aisé de comprendre que sur de semblables matières les uns et les autres ont raison, puisque le fond a une couleur tout antique, tandis que la forme semble porter la marque de plusieurs périodes différentes, puisque entre le point de départ et le point d’arrivée, il a pu, il a dû exister bien des phases successives et bien des remaniements de toute espèce.

Le titre ne signifie autre chose que le Grand Bhârata, abréviation pour la Grande histoire de la ruée de Bhârata, non pas celui qui était frère du divin Râma, mais celui qui était fils de Doushmanta et de Sakountâla. Cette étymologie était trop simple pour suffire à la subtilité des Hindous ; aussi la table générale, qui est placée en tête du poëme et où on le nomme un cinquième Véda de Vyâsa, contient-elle cette explication curieuse : « Seuls d’un côté, les quatre Védas et, seul de l’autre, le Bhârata, ayant été mis dans une balance par les dieux assemblés, on reconnut alors que le dernier l’emportait sur les quatre Védas avec tous leurs mystères, et, à partir de ce moment, il est dans ce monde appelé le Mahâbhârata (grand poids). » Cette explication sophistique ne repose que sur un jeu de mots, sur la ressemblance du