Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/77

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près de l’ermitage du mouni Sthoulakéça. Cet austère anachorète recueillit l’enfant, l’éleva et lui donna le nom de Pramadvarâ (excellente entre les filles), si bien que le roi Pramati sollicita sa main pour son fils Rourou ; une catastrophe subite faillit renverser tout leur bonheur :

Peu de jours avant l’époque assignée au mariage, cette vierge, belle et vertueuse, jouant au milieu de ses compagnes, n’aperçut pas un serpent profondément endormi et étendu sous ses pas ; elle posa le pied dessus, comme si, poussée par le dieu de la mort, elle eût désiré périr. Excité ainsi par ce dieu fatal, le reptile appliqua fortement ses dents, tout imprégnées de poison, sur le corps de la jeune étourdie. Ainsi mordue, elle tomba bien vite à terre, sans couleur, sans vie, privée de son éclat, délaissée par la fortune jusque-là souriante. Elle n’est plus pour les siens un objet de bonheur ; elle est là, les cheveux épars, inanimée ; ils n’osent plus la regarder, elle qui était si belle à voir ! Elle repose sur le sol, sommeillant en apparence, blessée mortellement par ce venin funeste… Les Brâhmanes étaient tous émus de compassion ; Rourou se lamentait dans la forêt impénétrable où il s’était retiré, accablé de chagrin. Désespéré, il exhale ses chagrins par des plaintes amères ; au souvenir de sa chère Pramadvarâ, il s’écrie avec tristesse : « La voilà étendue, cette jeune fille au corps délicat, qui causa ma douleur ! Quelle plus grande peine pourraient éprouver ceux qui l’aiment ? Si j’ai fait l’aumône, si je me suis mortifié par des austérités, si j’ai convenablement respecté mes maîtres, en récompense de ces bonnes actions, que ma bien-aimée revienne à la vie ! Si, depuis ma naissance, j’ai été maître de mes sens et attaché à mes principes, que Pramadvarâ se relève à l’instant ! »

Or, un envoyé des dieux lui apparaît et lui annonce que la morte ressuscitera, s’il consent à abréger de moitié sa propre vie pour allonger d’autant celle de sa fiancée. Le jeune prince n’hésite pas à accepter ce sacrifice ; il épouse Pramadvarâ, qui lui est rendue, et il fait vœu de tuer désormais tous les reptiles qui se présenteront sur sa route, jusqu’au jour où, sous la forme d’un de ces animaux maudits, il rencontra le brâhmane Doundoubha, qui avait été condamné, pour une faute légère, à subir cette métamorphose et qui est