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Page:Souriau - Histoire du Parnasse, 1929.djvu/160

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HISTOIRE DU PARNASSE

en rapport avec nombre de parnassiens, grands et petits ; Les Vignes Folles, Les Flèches d’Or, Gilles et Pasquins, contiennent des dédicaces à une douzaine de collaborateurs du Parnasse, depuis Alcide Dusolier jusqu’à Sully Prudhomme. Mallarmé est en relations épistolaires avec lui[1]. Coppée lui est reconnaissant d’un article, du reste remarquable, sur Le Reliquaire, article publié faute de mieux dans le Moniteur du Puy-de-Dôme[2]. Bourget le juge avec bienveillance[3]. Arsène Houssaye, qui l’a pris comme secrétaire pendant huit jours, regrette son départ brusqué : « Quel brave cœur, et quel esprit original !… Bohème persistant, doué du rayon apollonien[4] ». Verlaine se prend de passion pour lui, depuis qu’ils se sont rencontrés au Café de Suède, aimant du même amour la poésie et l’absinthe ; il sait par cœur des strophes entières des Vignes Folles ; il déclare que c’est un vrai chef-d’œuvre, car il y retrouve son propre cœur naïf, « son esprit à la vent-voie, en outre de l’art de tourner le vers, comme on dit vulgairement, et bien, après tout[5] ».

Son introducteur au Parnasse, c’est Mendès : volontiers il se vante, aux dépens de Banville, d’être l’inventeur de Glatigny. Il fait dater la fondation de l’École de leur entrée en relations. Il l’appelle le premier des parnassiens, sans qu’on sache s’il est question de priorité ou de précellence. Dans sa pseudohistoire du Parnasse qui compte trois cents pages, il lui en consacre une cinquantaine, et pourtant Glatigny n’est pas à lui seul la sixième partie de l’École[6]. Enfin, après sa mort, il lui élève deux monuments, dans le style de sa vie : une comédie-drame, manquée du reste, et, dans une revue en collaboration avec Courteline, Les Joyeuses Commères de Paris, tout un tableau[7]. Ces exagérations partent d’un bon naturel : Mendès apprécie Glatigny, dont il n’est pas jaloux ; dans son Rapport il a cette exclamation : « notre jeune aîné, le cher Albert Glatigny, esprit d’enfant, ébloui de tout, meilleur que les meilleurs, qui nous aimait tant, et que nous aimions

  1. Revue, 1925, p. 640 ; Glatigny publie dans La République des Lettres du Ier octobre 1876 une lettre en vers à Mallarmé.
  2. Jacques Patin, supplément littéraire du Figaro du 26 mai 1928 ; et. Jean Monval, Revue de France, Ier mars 1924, p. 179.
  3. Études et Portraits, p. 232.
  4. A. Houssaye, Confessions, VI, 135-136.
  5. Verlaine, V, 93-95, 85.
  6. La Légende du Parnasse, p. 57, 42, 28-32, 42-85.
  7. Figaro du 2 août 1924.