Aller au contenu

Page:Souriau - Histoire du Parnasse, 1929.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

INTRODUCTION


I. Les historiens du Parnasse. II. Le Parnasse est une réaction contre le Romantisme. III. C’est un groupement de jeunes. IV. Est-ce une École ? V. Les Impassibles. VI. Les Parnassiens qui comptent.

I

Jusqu’à ces derniers jours, la véritable histoire du Parnasse restait à écrire, malgré l’attrait du sujet : elle avait été embrouillée à plaisir par ses premiers historiens. Ce furent d’abord des poètes qui voulurent la conter, se donnant le beau rôle, se gonflant eux-mêmes, diminuant les autres. Nul d’entre eux n’a fait plus de tort à la vérité que Catulle Mendès, d’abord dans sa Légende du Parnasse, reproduction d’une série de conférences faites à Bruxelles. Titre obscur ; on croit d’abord qu’il indique l’intention de substituer à la légende, à l’histoire légendaire, l’histoire tout court ; mais non : l’ami de Mendès, Armand Silvestre, nous apprend que cela veut dire simplement un récit avec citations[1]. En ce récit, Mendès fait de la modestie : racontant une bataille littéraire, il se définit simplement « un des combattants, le plus humble de tous[2] ». En réalité, sa vanité est amusante, tant l’effort pour se surfaire est apparent : après avoir parlé, brièvement, de Sully Prudhomme, de Coppée, de Dierx, de Heredia, il annonce « un très chétif rimeur qui n’a jamais prétendu s’égaler à aucun de ses camarades. C’est moi-même que je veux dire[3] ». Or, jusqu’ici, il s’est nommé à chaque instant, il s’est mis en scène souvent, au premier

  1. Portraits et Souvenirs, p. 399.
  2. La Légende du Parnasse, p. 18.
  3. La Légende, p. 264.