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Page:Souriau - Histoire du Parnasse, 1929.djvu/385

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LE PARNASSE

Leconte de Lisle deviendrait-il en effet indulgent ? Il semble estimer de plus en plus Mendès, dont l’envoi est de premier ordre, avec ses deux pièces très réussies. Le Disciple et Le Consentement. Le Maître écrit à Heredia, le 12 juillet 1869, à propos de l’Hesperus : « c’est décidément une fort belle chose. Il y a des vers admirables, trop de détails et d’ornementation çà et là, mais une élévation constante de pensées et de sentiments, et une vraie émotion mystique très haute. Ce sera son début réel dans l’art sérieux, et un début des plus remarquables[1] ». Puis, nous retombons dans un groupe de gens de talent qui ne perceront pas, Gustave Pradelle, Armand Renaud, L. Salles, Louisa Siefert qui est capable de réussir un pantoum libertin, et qui a beaucoup de réputation à Lyon[2] ; Valabrègue enfin, ce bon sonnettiste qui, au lieu d’un sonnet, donne une sorte d’élégie comique, La Canotière, que dédaignerait Guy de Maupassant[3].

En résumé, à part les trois grands dieux, Leconte de Lisle, Gautier et Banville, on trouve, dans la soixantaine de noms qui figurent à la table des matières, une trentaine de dii minores, connus par ailleurs, et quelques vingt-cinq rimeurs que le Parnasse ne réussit pas à introduire définitivement dans le monde littéraire : parmi ces derniers il y en a bien une dizaine qui valent mieux que l’oubli, et qui mériteraient peut-être une exhumation. Dans l’ensemble, le second Parnasse est bien supérieur au premier. Il est moins discuté, il fait moins sensation[4] ; mais aussi les circonstances sont défavorables : il porte la date de 1869, mais, nous dit Aicard, il ne fut que préparé en 1869, et sa publication fut différée à 1871, à cause de la guerre[5].


  1. Ibrovac, p. 108-109.
  2. J. Tellier, Nos Poètes, p. 122-123 ; Banville, Petit Traité, p. 245 ; {{sc|Clair-Tisseur, Modestes Observations, p. 62, 69, 80, 106, 113, 182, 324.
  3. J. Tellier, Nos Poètes, p. 114.
  4. E. Lepelletier, Verlaine, p. 205.
  5. Le Lorenz confirme la date de 1869 ; pourtant la pièce de Verlaine sur Les Vaincus semble bien un souvenir de 1870.