PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE
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c’est le cœur qui, chez l’embryon, se forme en premier lieu : c’est le cœur que la vie abandonne aussi le dernier.
« ‘out d’abord c’est le principe qui est produit : chez les animaux qui ont du sang, c’est le cœur, dans les autres, l’analogue. Et cela est manifeste non seulement pour la sensibilité, qu’il (le cœur) existe d’abord, mais aussi quant à la fin. La vie l’abandonne donc le dernier. Or, toujours ce qui naîl le dernier est le premier à cesser d’être, et le premier est le dernier, comme si la nature faisait deux fois le tour du stade et retournait au point d’où elle était partie. La génération va, en effet, de ce qui n’est pas à ce qui est, et la destruction retourne de ce qui est à ce qui n’est pas (1). »
Le cœur est le principe et l’origine des veines : ce n’est pas le foie (De part. an., II, 1v) ; ces deux viscères sont indispensables à tous les animaux qui ont du sang, comme l’est le poumon pour ceux qui respirent, mais pour des raisons différentes. Le sang, parti du cœur où il s’élabore, est distribué par les vaisseaux, aorte, veines, et leurs rameaux, à toutes les régions du corps (De part. anim., III, v) à l’exception du cerveau, lequel ne contient point de sang à l’intérieur, quoique d’innombrables veinules rampent à sa surface (Zbid., Il, vu, x ; de sensu et sens., V ; de somno et vig., ID). La position même du cœur est bien la place qui convient à un principe (ëyer dè xal θέσις αὐτῆς ἀρχικὴν χώραν) : il est vers le centre du corps, plutôt en haut qu’en bas et plutôt en avant qu’en arrière. Ce qui vient d’être dit, ajoute Anisrore, cst de la plus grande évidence chez l’homme ; mais mème dans les autres animaux la nature veut pareillement que le cœur soit placé au centre (èv mécw xeïoôæ) du corps (2). Il en va tout autrement du foie. Ce n’est pas, dans Anistorr, l’encéphale, comme chez Démocrire, qui cest l’acropole du corps : c’est le cœur. Kapdiu... Gonep ἀκρόπολις οὖσα τοῦ σώματος (5). C’est au cœur qu’Anisrorr rapporte le principe de la vie ; l’âme nutritive est donc localisée dans « ce qu’on nomme la poitrine chez les plus grands animaux. » Il ya en effet, dit Aristote, beaucoup d’animaux qui après qu’on leur a enlevé soit la {éle, soit les organes « qui reçoivent la nourriture », vivent cependant encore avec la partie où est placé le centre (td mécov). « C’est ce qui est évident pour les insectes, tels que les guëpes et les abeilles (Sñ)ov D’ért rüv ἐντόμων, οἷον ogmx@v te xl melirrôiv), et, de plus, il y a beaucoup d’animaux qui, sans être des insectes, peuvent vivre néanmoins après qu’on les a divisés (tæpoüueva), à cause du principe végétatif (διὰ τὸ Opertixév). En acte cette partie est une, mais en puissance elle est multiple. Il en est de même pour les végétaux. Les végétaux, quand on les a coupés, vivent encore séparément ct il peut sortir plusieurs arbres d’un seul principe. On dira ailleurs d’où vient que certaines plantes ne peuvent vivre après une division de ce genre, tandis que d’autres repoussent des boutures. Mais en ceci les plantes et les insectes se comportent tout à fait de même. L’âme nutritive doit être une. en acte chez ces êtres, mais multiple en puissance. De même pour le principe sensible (ὁμοίως δὲ καὶ τήν αἰσθητικὴν ἀρχήν) : ου êtres vivants ainsi divisés ont manifesiement conservé la sensibilité. Les plantes à la vérité conservent complètement leur nalure ; au contraire les insectes ct les autres animaux ne le peuvent point, parce qu’ils n’ont plus les organes nécessaires à leur conservation : ils manquent soit de l’organe qui doit prendre la nourriture, soit de l’organe qui doit la recevoir ; d’autres manquent d’autres (1) De an. gener., I, v. Γίνεται δὲ πρῶτον Ἡ ἀρχή’ αὕτη δ̓ ἐστὶνη χαρδία τοῖς ἐναίμοις, τοῖς ὃ̓ ἅλ- λοις τὸ ἀνάλογον... ἀπολείπει γὰρ τὸ ζῆν ἐντεῦθεν τελευταῖον, συμθαίνει ὃ̓ ἐπὶ πάντων τὸ τελευταῖον γινόμενον πρῶτον ἀπολείπειν, τὸ δὲ πρῶτον τελευταῖον, ὥσπερ τῆς φύσεως διαυλοδρομὀύσης καὶ ἀνελιττομένης ἐπὶ υτὴν ἀρχὴν ὅθεν ἦλθεν.
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(2) De ραρὶ. απ., ΠΠ, τν.
(3) /bid., IL, vu.
J. Sounr. — Le Système nerveux central.
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