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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/1794

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LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

que ces rares espèces dans le gouffre sans fond du monde des vivants ? Une goutte d’eau dans l’océan. Ni les Prolozoaires dans leur ensemble, ni les Protophytes, ni les Végélaux, au milieu desquels vivent el passent presque inaperçus sur celle planète Les dominaleurs conscients des mers, des airs el des continents, n’ont alteinL ni réalisé les condilions élémenaires de l’apparition de la conscience. Les fonctions psychiques de ces multitudes presque infinies d’êtres vivants sont, au fond, absolument identiques aux nôtres, puisque les propriélés primordiales du protoplasma sont partout les mêmes. Mais on peul vivre el se survivre dans l’espèce, on peut lutter et vaincre dans le combat de la vie universelle, on peut s’adapter aux milieux, réagir aux excilalions inlernes el externes par des mouvements de défense et de protection apparents, sans qu’aucune lueur de conscience, j’entends sans qu’aucune représentation consciente, ne traverse le proloplasma amiboïde d’un Prolozoaire ou d’un Végétal. Les habitudes ancestrales de ces èlres, ce qu’on pourrait appeler leurs instincts héréditaires, sont nées, nous l’avons dit, des variations utiles acquises mécaniquement au cours des longues luttes pour l’existence ; fixées par l’hérédité, elles sont devenues organiques par la sélection naturelle. En somme, DEScanTES avait raison : Lous les êlres vivants ne sont que des automates : son erreur à été de tirer l’Homme de la foule innombrable de ses frères inférieurs. Inconscients ou conscients, les processus psychiques n’en sont pas moins toujours automatiques. La conscience n’ajoule rien, quand elle existe, à ces processus, pas plus que l’ombre au corps. Si la sensation et l’intelligence qui en résulte, quand les appareils des sens et les organes psychiques ont apparu, ne sont, comme la vie elle-même, qu’elles servent en partie à définir, que des forces nalurelles, elles ne sauraient se soustraire aux lois d’airain du déterminisme universel.

Si les processus de l’intelligence, mème la plus haute et la plus dilérenciée, ne sonl pas, comme les mouvements d’un Mollusque, susceptibles d’être déterminés, soit avec nos méthodes actuelles, soit à l’aide dé méthodes futures plus perfectionnées, bref, s’ils échappent au nombre et à la mesure, ils ne sont pas objet de science, et KanT a raison conlre Hennanr et FEGINER, qui répélait que & la Psychologie ne pourra jamais s’élever au rang d’une science naturelle exacte » : il n’y a point de Psychologie. Il y a, au contraire, une Psychologie, si l’activité de l’intelligence, comme celle de toutes les autres fonctions des &tres organisés, Se ramène, avec la Physique et la Chimie, à la Mé “anique. L’unité suprême de la nalure a sa plus haute expression dans l’unilé de la science. Il n’y a pas deux Mécaniques, une Mécanique céleste el une Mécanique cérébrale ; deux Chimies, une Chimie inorganique el une Chimie organique ; deux