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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/49

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THALÈS DE MILET

L’ÉTERNEL ÉCOULEMENT DES CHOSES

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écoulement de toutes choses (ravta bat). Le monde est un fleuve où toujours le flot succède au flot. Et on ne descend pas deux fois dans le même fleuve (1). Tout étant un, tout devient tout : la maladie et la santé, la faim et le rassasiement, le travail et le repos sont, au fond, identiques. Ce qui vit meurt, ce qui est mort devient vivanl ; ce qui est jeune devient vieux, ce qui est vieux devient jeune ; ce qui veille s’endort, et ce qui dort se réveille ; le courant de la génération et de la mort ne s’arrête jamais ; l’argile (rrkés) dont les choses sont faites reçoit toujours de nouvelles formes. Aucune chose n’est ceci ou cela : elle le devient dans le mouvement de la vie de la nature. Rien n’est, tout devient (2). Le monde est éternel : « Ce monde n’a été fait par aucun des dieux ni des hommes, mais 2/ a toujours été et sera toujours, feu éternellement vivant (πῦρ ἀείζωον), 5 α]]απιαπί et s’éteignant selon la loi (3). » Tout naît de la Discorde : la guerre est le roi et le souverain de toutes choses (πόλεμος πάντων μὲν πατήρ ἐστι πάντων δὲ βασιλεὺς) ; εἶ]ε οςί le droit ; elle est l’ordre du monde (4).

De mème que le soleil se plonge chaque soir dans la mer et s’y éteint pour reparaître à lorient, sa nacelle emplie de nouveau de vapeurs brûlantes, l’histoire de l’univers n’est qu’une suite d’extinctions et d’embrasements périodiques, de destructions et de renaissances, sa substance persistant immuable, sans commencement et sans fin. « Le feu, dit HéRa-CLITE, parlant de l’éxxépsxs, de l’embrasement ou de la destruction périodique du monde, le feu viendra partout, jugera el saisira tout. » C’est le Dies iræ d’HÉRACLITE et d’autres vieilles cosmogonies helléniques des philosophes du v° siècle. HÉRacLiTe d’Éphèse et Emrépoce d’Agrigente, disait ARISTOTE, pensent que le mode (c5sx5 :) tantôt est dans l’état actuel, (1) Fragm. ax et 22.

(2) Hece (Geschichte der Phil., 1, 305) et Lassarze (Heracleitos der Dunkle, I, 8r) ont loué HerAGLITE pour avoir le premier reconnu l’identité de l’être ct du non-être et en avoir fait le fondement de son système. En réalité, tout ce qu’a dil HÉéraëLiTE, c’est que les choses, considérées dans leur devenir, dans l’écoulement des choses, sont et ne sont pas, qu’elles forment une « unité synthétique de l’être et du non-être ». Cf. B. Müxz, Die Keime der Erkenntnisstheorie in der vorsophist. Periode der griech. Philos. Wien, 1880, p. 25. (3) Fragm. 27. « Ni un dieu ni un homme » veut dire absolument personne. (4) « Gette force organisatrice du monde n’est pas distinguée du monde lui-même et de l’ordre du monde ; elle est identique avec la substance primordiale du monde (le feu primitif). » Zeucer, |. |. 555. Héracuire considérait le feu, l’eau ct la terre comme les formes essentielles que traversait la matière dans ses transformations. Îl n’a pas rangé l’air parmi les formes essentielles de la matière ; il n’est pas au nombre de ses éléments. Ceux-ci ne doivent pas èlre confondus avec les premiers principes immuables ou « éléments » d’Emeénoce, qui ne se transforment pas l’un dans l’autre. Le feu d’HéracuiTe, antérieur à la formalion du monde, ne se converlit en eau et en terre que dans le cours des temps. Dès l’antiquité, HénaccirEe avait le renom de grand physicien. Il est souvent appelé φυσικός.

J. Soury. — Le système nerveux central.

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