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À LA COUR DE GASTON PHŒBUS.

véez comment le comte de Foix votre père a en grande haine votre mère, ma sœur, et ce me déplaît grandement, et aussi doit-il faire à vous.

» Pour les choses réformer en bon point, et pour que votre mère fût bien de votre père (pour que votre mère retrouve les bonnes grâces de son époux), vous prendrez un peu de cette poudre, et en mettrez sur la viande de votre père, et gardez bien que nul ne vous voie ; et si tôt comme il en aura mangé, il n’entendra jamais à autre chose, sinon qu’il puisse ravoir sa femme, votre mère, avec lui, et ils s’entr’aimeront à toujours, mais si entièrement que jamais ne se voudront départir l’un de l’autre ; et tout ce devez-vous grandement convoiter qu’il advienne ; et gardez bien que de ce que je vous dis vous ne vous découvrier à homme qui soit, qui le dise à votre père ; car vous perdriez votre fait (vous ne réussiriez pas.) L’enfès qui tournait en voir (qui acceptait) tout ce que le roi de Navarre, son oncle, lui disait, répondit et dit : Volontiers.

» Sur ce point il repartit de Pampelune et s’en retourna à Ortais. Le comte de Foix, son père, lui fit bonne chère, ce fut raison, et lui demanda des nouvelles de Navarre, et quels dons ou joyaux on lui avait donnés par delà ; et tous les montra, excepté la boursette où était la poudre ; mais de ce se sut-il bien