leur inexpérience elles découvrirent un jour que leur servante les volait et lui en firent des reproches ; cette fille devint si insolente, qu’il fallut la mettre à la porte. Le même soir, Sophie et son amie, ne sachant comment arranger leurs lits pour la nuit, entendirent frapper à la fenêtre — elles demeuraient au rez-de-chaussée ; étonnées, elles regardèrent, et aperçurent derrière la vitre un visage de femme inconnu ; cette femme, interrogée par elles, demanda la permission d’entrer à leur service, et telle était leur incapacité, leur ignorance totale des choses de la vie, qu’elles acceptèrent cette proposition, bien qu’elle leur fît peur et n’eût rien d’engageant. Cette femme, plus tard, les terrorisa, et les vola à tel point, qu’elles furent obligées de recourir à la police pour s’en débarrasser.
Il fallait des crises semblables pour que Sophie s’aperçût de certains inconvénients ; son indifférence pour les aises de la vie était extrême, et elle ne remarquait jamais si sa nourriture était mauvaise, sa chambre mal tenue, et ses robes déchirées.
En janvier 1871, Sophie avait dû interrompre ses études, à peine commencées avec Weierstrass, pour entreprendre, en compagnie de son mari, un voyage aventureux.
Aniouta s’était vite lassée de la vie monotone de Heidelberg, et, sans demander l’autorisation de ses parents, s’était rendue à Paris, où elle comptait perfectionner son talent d’écrivain. Elle ne trouvait aucun avantage à vivre enfermée dans une chambre