Bordin), mais sans grand plaisir, et sans enthousiasme. »
Sophie avait depuis peu fait la connaissance de Frithiof Nansen, pendant la visite de celui-ci à Stockholm, et sa personnalité, autant que son audacieux projet de voyage, lui avaient fait impression. Ils ne s’étaient rencontrés qu’une fois, mais l’impression mutuelle avait été si vive, que tous les deux, plus tard, tinrent pour probable que cette sympathie se serait développée pour eux en un sentiment plus vif, si rien n’était venu à la traverse.
Dans la lettre suivante, aussi de janvier 1888, elle écrit encore :
« Je suis pour le moment sous l’impression de la lecture la plus entraînante que j’aie jamais faite ; j’ai reçu aujourd’hui un petit article de Nansen avec l’exposé de son voyage projeté à travers les plaines de glace du Groenland. J’en ai été tout à fait frappée. Il a reçu maintenant de Gomel, grand négociant danois, une avance de 5 000 c. pour ce voyage, de sorte qu’il n’y a pas de puissance terrestre qui puisse l’arrêter. L’article est du reste si intéressant et si bien écrit, que je te l’enverrai aussitôt que je serai sûre de ton adresse — naturellement à condition de me le renvoyer immédiatement ; — lorsqu’on a lu ce petit article, on peut dans une certaine mesure se représenter l’homme. J’ai aussi causé de lui avec B. Celui-ci prétend que les travaux de Nansen sont remplis de génie, et le trouve aussi trop remarquable pour aller ainsi risquer sa vie au Groënland. »