put de longtemps la trouver en défaut. Cependant les objets perdus ne se retrouvaient pas, et d’autres venaient encore de disparaître. Un beau jour, la tirelire d’Aniouta, gardée par Niania dans son armoire, et contenant quarante roubles, si ce n’est plus, ne se retrouva pas. Mon père lui-même fut informé de cette nouvelle perte. Il fit venir Niania et donna sévèrement l’ordre de rechercher le voleur. Chacun comprit qu’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie.
Niania était au désespoir. Mais voici qu’une nuit, en se réveillant, elle entend dans le coin où dormait Fékloucha un petit bruit de mâchoires, comme quelque chose qu’on avalerait : Niania, prête à tous les soupçons, étend doucement la main vers les allumettes, et allume subitement la bougie. Que voit-elle !
Fékloucha accroupie, la bouche pleine, tient entre
les genoux un grand pot de confitures, dont elle
nettoie les bords avec une croûte de pain. Il faut
ajouter que la femme de charge s’était plainte quelques
jours auparavant de la disparition de ses confitures
à l’office.
Sauter du lit et saisir la coupable par les cheveux fut naturellement pour Niania l’affaire d’une seconde.
« Je t’y prends, vaurienne ! d’où viennent ces confitures ? réponds !… » cria-t-elle d’une voix tonnante, en secouant l’enfant sans miséricorde.
« Niania, ma colombe, je ne suis pas coupable, vrai ! suppliait Fékloucha ; c’est la couturière, Marie Vassiliévna, qui m’a donné ce pot hier au soir ; elle