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au Barzaz Breiz du vicomte Hersart de la Villemarqué, à la collection de Jean-Marie de Penguern, aux Gwerziou et aux Soniou Breiz-Izel ainsi qu’aux découvertes de manuscrits par MM. Luzel, Milin, Bureau et Picot ; — à l’œuvre d’une petite pléiade de littérateurs, de fantaisistes et d’érudits, pour les contes et les légendes.

Émile Souvestre, en tant que traditionniste, devait se restreindre presque entièrement au second genre, dont quatre spécimens succincts, le Drap mortuaire, Histoire de Moustache, le Poulpican et le Boucher, la Mary morgan de l’Étang au Duc, figurent dans les Derniers Bretons. Après ce premier album armoricain, il en donna un autre, plus spécial, consacré uniquement aux traditions populaires parlées. Le Foyer breton, édité en 1844, contient dix-neut contes et légendes. Cette fois, le patriote exalté s’est doublé d’un critique, comme en témoigne l’introduction. Souvestre a lu les livres des frères Grimm et de leurs disciples. Il ne se contente pas de communiquer le charme des traditions : il expose la méthode qu’il a employée pour les découvrir, pour les reproduire, pour les classer ; il les encadre dans de brillants et ingénieux aperçus. Littéraire, esthétique, scientifique, trois éléments le préoccupent.

La Bretagne du Foyer breton est plus intime encore que celle des Derniers Bretons, plus simple, plus rustique, plus fraîche, plus embaumée. On dirait que Souvestre a suivi le conseil de Brizeux à la douce Marie :


Ne crains rien si tu n’as ni parure ni voile ;
Viens sous ta coiffe blanche et ta robe de toile,
Jeune fille du Scorff !


Jamais la couleur locale, la fidélité descriptive n’a été poussée plus loin. « Si j’avais trois cents écus de rente, dit le conteur des Quatre Dons, j’irais demeurer à Quimper, où se trouve la plus belle église de la Cornouaille, et où les maisons ont des girouettes sur les toits ; si j’avais deux cents écus, j’habiterais Carhaix, à cause de ses moutons de bruyère et de son gibier ; mais