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II


Depuis ce temps, on dit que Landerneau a conservé sa tante la lune et son immortelle clarté, connue dans le monde entier.

Vous voyez que c’est une qualité assez précieuse de pouvoir devenir plus grand que les autres ; et je suis sûr que s’il se trouvait encore une fée comme celle-là sur la terre, elle aurait beaucoup de pratiques. Il y a dans ce monde tant de gens qui ont la faiblesse de vouloir toujours être plus grands que les autres…

Vous pensez bien que notre petit géant — qui n’avait guère que douze à quinze pieds dans ses jours ordinaires — avait attrapé un peu chaud dans son voyage à la lune, et il regrettait fort en passant par Loperhet que la mer ne fût pas sous ses pieds pour s’y désaltérer et se baigner à l’aise.

À cette époque, comme vous savez, la rade de Brest n’existait pas encore.

— Tiens, se dit Hok-Bras, si je creusais ici un petit étang, voisin de ma maison, cela serait bien commode pour se baigner tous les matins, et peut-être que cela ferait plaisir à ma tante. Allons !

Il déracina quelques chênes, prit une taille et une force propor-