Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/142

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Comme elle achevait ces paroles, la fermière poussa un cri. Le chaudron venait de se fendre par la moitié, si bien que toute la bouillie s’était répandue sur le foyer et sur les pieds de cette femme, qui poussait des cris pitoyables.

— Eh bien ! dit le bon saint, m’appellerez-vous encore Thomas par ironie ?… Oh ! n’oubliez jamais, vous tous, que l’on n’est assuré de sa part que quand on l’a mangée… avec la permission du bon Dieu.

— Sans doute, dirent les assistants ; mais il est bien certain qu’aujourd’hui nous nous passerons de bouillie.

— Peut-être, mes enfants, reprirent les voyageurs en relevant le chaudron, dans lequel la bouillie, revenue comme auparavant, fut cuite à point en quelques minutes, au grand étonnement de tous ces braves gens…

— Et la pauvre brûlée ?

— La pauvre brûlée eut aussi sa part de bouillie d’avoine ; sa blessure fut guérie à l’instant ; et à cette vue, toute la compagnie, louant Dieu, se jeta à genoux devant les saints. Ceux-ci se retirèrent bientôt en disant :

— N’oubliez jamais, chrétiens, dans vos moindres actions, de vous soumettre à la volonté du Seigneur Jésus.

Depuis ce temps, les vrais Bretons, et je pense, les chrétiens